COMMENT LA RUSSIE COMBAT LE PLAN MARSHALL

TEXTES : Communiqués, discours

Un programme communiste pour combattre l’aide américaine à l’étranger

U.S. News-World Report, 16 janvier 1948, p. 68-71

(Le gouvernement russe s’engage à faire échouer le plan Marshall d’aide à l’Europe de l’Ouest. Il a l’intention d’utiliser tous les partis communistes pour atteindre cet objectif. La stratégie adoptée pour développer et implanter la campagne soviétique a été clarifiée lors d’un discours prononcé par Andrei Zhdanov, un membre du politburo qui gouverne la Russie et un des cinq fonctionnaires les plus influents dans le gouvernement de l’U.R.S.S. Ce qui suit est un extrait d’un discours de M. Zhdanov livré en Pologne en septembre 1947 avant une réunion des partis communistes de neuf pays européens. […]

L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN cherche […] à utiliser les difficultés d’après-guerre vécues par les pays européens, en particulier le manque de matières premières, de carburant et de nourriture dans les pays alliés qui ont le plus souffert pendant la guerre, dans le but de leur dicter les conditions serviles de leur aide.

Prévoyant une crise économique imminente, les É.-U. se hâtent de trouver de nouvelles sphères où ils pourront investir des capitaux, ouvrir des marchés et ainsi avoir le monopole. « L’aide » économique américaine a pour objectif général l'esclavage de l'Europe par le capital américain. Plus les conditions économiques d’un pays sont graves, plus les termes que les monopoles américains cherchent à dicter sont sévères.

Cependant le contrôle économique implique également la subordination politique à l’impérialisme américain. […]

Les monopoles américains, qui « sauvent » un pays ou un autre de la famine et du chaos, cherchent à déposséder ce pays de toute indépendance. « L’aide » américaine implique presque automatiquement un changement dans les politiques du pays à qui cette « aide » est consentie. […]

Finalement, une guerre idéologique fait partie du désir de dominer le monde et des politiques antidémocratiques des États-Unis. La tâche fondamentale de la partie idéologique du plan stratégique américain repose sur le chantage de l’opinion publique, par la diffusion de calomnies sur l’agressivité fictive de l’Union soviétique et des pays de la nouvelle démocratie et donc la présentation du bloc anglo-saxon comme le défendeur, ce qui lui enlève toute responsabilité dans les préparatifs d’une nouvelle guerre.

La popularité de l’Union soviétique a connu une très grande expansion à l’étranger au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le combat héroïque et altruiste de l’Union soviétique contre l’impérialisme lui a valu l’amour et le respect des travailleurs du monde entier. […]

Dans leur lutte idéologique contre l’U.R.S.S., les impérialistes américains démontrent leur ignorance en proposant principalement l’image d’une Union soviétique antidémocratique et totalitaire alors que les É.-U., la Grande-Bretagne et le monde capitaliste sont dépeints comme des démocraties.

[...]

La doctrine Truman et le plan Marshall nous présentent un exemple précis des aspirations expansionnistes des É.-U. en ce moment. […]

La doctrine Truman, qui cherche à offrir l’aide américaine à tous les régimes réactionnaires qui combattent activement les peuples démocratiques, est de nature ouvertement agressive. Sa publication a suscité un certain embarras même dans les cercles de capitalistes américains qui sont habitués à tout. Certains éléments progressistes aux É.-U. et dans d’autres pays ont protesté vigoureusement contre sa nature provocatrice et ouvertement impérialiste.

La doctrine Truman n’a pas reçu un accueil favorable. C’est ce qui a nécessité la mise sur pied du plan Marshall qui est une tentative plus voilée d'implanter la même politique expansionniste.

L’essence de la formule floue et délibérément nébuleuse du plan Marshall repose sur la consolidation du bloc de pays rattachés aux É.-U. par leurs obligations et par une offre de crédit américain aux pays européens qui acceptent de renoncer à leur indépendance économique et, subséquemment, politique.

La base du plan Marshall repose sur la restauration des secteurs industriels de l’Allemagne de l’Ouest sous le contrôle des monopoles américains.

[...]

Le gouvernement soviétique ne s’est jamais opposé à l’utilisation de crédits étrangers, en particulier de crédits américains, pour accélérer le processus de reconstruction économique. L’Union soviétique, cependant, a toujours agi en partant du fait que les termes de crédit ne devraient pas être de nature asservissante et ne devraient en aucun cas mener à l'esclavage économique et politique de l'état débiteur à l'état créditeur.

À partir de ce même principe politique, l’Union soviétique a toujours défendu la position selon laquelle les crédits étrangers ne devraient pas être le moyen principal pour restaurer l’économie d’un pays. La condition fondamentale et prépondérante pour la reconstruction économique devrait être l'utilisation des forces et des ressources intérieures de tout pays et la création de ses propres industries. […]

L’Union soviétique défend constamment la thèse que les relations politiques et économiques entre les états devraient être basées exclusivement sur le principe d’égalité entre les parties et de respect mutuel pour leurs droits souverains. […]

Les communistes doivent mener le combat et s'assurer les services de tous les éléments antifascistes épris de liberté dans le combat contre les nouveaux plans expansionnistes américains visant l’esclavage de l’Europe.

Il faut se souvenir qu’il y a une énorme différence entre le désir des impérialistes de déchaîner une nouvelle guerre et la possibilité d’organiser une telle guerre. Les peuples du monde ne veulent pas une guerre. […]

Source: No author, "Comment la Russie combat le plan Marshall," U.S. News-World Report, 16 janvier 1948. Notes: p. 68 à 71

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