La Seconde Guerre mondiale

Elle a déjà été nommée la dernière bonne guerre. Pouvez-vous en deviner la raison? Quel standard permettrait de classer le meurtre d'environ 50 à 70 millions de personnes comme étant une bonne guerre? Aussi horrible qu’elle ait été, la Seconde Guerre mondiale est souvent considérée comme une bonne guerre parce qu’elle a totalement détruit le pouvoir fasciste étatique de l’Allemagne et de l’Italie ainsi que le régime militaire du Japon. Ces états persécutaient systématiquement leurs propres citoyens et tentaient ouvertement de dominer, d’envahir et d’occuper leurs voisins. La mise sur pied de la Grande Alliance pour forcer ces états criminels à se rendre inconditionnellement a été un exploit remarquable, même si la victoire a été atteinte à un coût effroyable.

Cependant, la création de la Grande Alliance qui unissait l’Ouest et l'URSS était un processus aussi tordu qu'un swastika. À Munich, en 1938, la Grande-Bretagne et la France ont passé un marché avec Hitler, lui donnant une partie de la Tchécoslovaquie et lui demandant plus ou moins de continuer vers l'est contre l'URSS. Puis, en 1939, l’URSS a passé un marché avec Hitler, retardant ainsi l’attaque prévue. Cela a donné à Hitler une ouverture pour s’attaquer à la Pologne et, au printemps de 1940, pour partir vers l’ouest en direction de l’océan Atlantique. Ayant humilié toute l’Europe de l’Ouest, à l’exception de la Grande-Bretagne alors affaiblie, Hitler a pris l’occasion qui s’offrait à lui l’année suivante pour prendre d’assaut l’URSS. L’attaque de Pearl Harbor par le Japon en décembre 1941 a fermé la quadrature de ce cercle invraisemblable. Les puissances de l'Axe avaient réussi à créer accidentellement l’alliance qui allait les anéantir.

Bien qu’unie avec les communistes dans leur combat contre le fascisme, l’élite nord-américaine n’avait aucun amour pour le communisme pendant la Seconde Guerre mondiale. En fait, vue par un communiste, la guerre aurait pu représenter les cinq années les plus cruelles du vingtième siècle. Oui, l’armée rouge soviétique était l’équipe favorite de tous lorsqu’elle a réussi à faire tomber la Wehrmacht allemande à Stalingrad et que chaque mois enlevait un autre siècle au Reich de 1000 ans d’Hitler. Oui, les communistes au Canada et aux États-Unis jouissaient d’un appui populaire sans précédent. Pour la première fois en 1943, un communiste, Fred Rose, a été élu à la Chambre des communes du Canada et a été réélu en 1945. Pourtant, les communistes demeuraient des parias et les hauts fonctionnaires des forces de sécurité nationale mettaient tout le monde en garde contre leur menace constante.

Le revirement spectaculaire et soudain dans l’alignement des forces mondiales au cours de ces années a forcé certains communistes occidentaux et des sympathisants de la cause communiste à repenser la question de la loyauté. Les gouvernements occidentaux étaient les alliés de l’Union soviétique, mais que faisaient-ils pour l’aider? Le second front qu’ils avaient promis d’ouvrir en 1942 ne s’est matérialisé qu’en 1944. Il ne fallait pas être un brillant politicologue pour en déduire que l’Ouest était un grand parleur mais un petit faiseur. Il y en qui ont conclu que puisque les gouvernements occidentaux violaient leur entente avec l'URSS, les communistes avaient le devoir de redoubler d'efforts. Et au diable les serments de loyauté envers leur propre pays. Les fonctionnaires qui possédaient de l’information qui pourrait aider à battre les fascistes, ont-ils décidé, devraient la passer à l’URSS.

Il y avait peu de fonctionnaires canadiens au cours de la Seconde Guerre mondiale qui se sont vus confier autant de renseignements militaires d’une importance capitale que Herbert Norman. Il s’est joint au ministère des Affaires extérieures à peine deux mois avant le début de la guerre et a rapidement gravi les échelons qui lui ont donné accès aux secrets de guerre importants. De 1942 à 1945, il occupait le poste d’analyste du renseignement pour l’unité d’extermination, un organisme ultrasecret du gouvernement canadien, une équipe de décrypteurs qui travaillaient étroitement avec leurs vis-à-vis américains et britanniques et qui assemblaient, décryptaient et tentaient de comprendre l’information des pays membres de l’Axe et des pays alliés. Cet effort international a permis aux alliés de remporter des victoires majeures.

Ce moment était dangereux pour les agences de sécurité occidentales. Quelques mois auparavant, ils enquêtaient sur des communistes et les jetaient en prison. Tout à coup, revirement de situation, les ennemis devenaient des alliés. Les rouges joignaient la bataille contre le fascisme et entraient dans l’armée, dans la marine marchande et dans la fonction publique. Les ennemis de l’état avaient accès à des secrets d’état. Lesquels étaient loyaux à l’URSS et lesquels restaient fidèles à leur pays? Dans quel camp était Herbert Norman?

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