LA TRAGÉDIE DE BIDDULPH.
L’opinion impitoyable d’un voisin des Donnelly.
RUMEURS DE NOUVELLES DÉCOUVERTES.
Les preuves permettront-elles de condamner les coupables?
(Par notre journaliste)
Lucan, 19 févr.—« Un homme meurt comme il a vécu », a dit un gentleman à notre journaliste ce soir, par rapport à la triste fin qu’ont connue les Donnelly. À cause d’eux, a-t-il ajouté, il a dû essuyer des pertes de 2 300 $, ses granges et autres dépendances ayant été détruites par le feu; et de toute évidence il ne s’est toujours pas remis de ses pertes. « Un travailleur gagne son salaire et ils ont eu ce qui leur revenait. Ils ont brûlé et mutilé et ont été mutilés et brûlés. » De tels mots sont horribles à entendre sortir des lèvres d’un être humain par rapport à un si terrible événement que ce massacre de cinq personnes, mais néanmoins ils ont été prononcés et par un homme qui parlait sérieusement et en toute connaissance de cause.
« Ne mettez pas mon nom dans le journal, a-t-il demandé, sinon j’aurai un autre incendie avant deux mois. »
« Ils ne semblent pas vraiment attirer la sympathie », avança le journaliste.
La réponse se fit sur un ton amer, « Non, si vous aviez vécu ici pendant les cinq dernières années comme moi vous sauriez avec quel côté sympathiser. Les seuls amis que les Donnelly ont sont une poignée de personnes qui étaient dans l’arène avec eux, et qui étaient toujours prêts à les sortir de tout par un serment. Je vous dirai franchement que
LEUR DÉPART EST UNE BÉNÉDICTION
pour ce canton, et je peux trouver plusieurs autres personnes qui vous diront la même chose. »
[...] D’OÙ LE MEURTRE DES DONNELLY.
Ils ont cherché et mérité leur fin, et je n’ai pas peur de le dire. Même si je suis protestant, et les prisonniers tous catholiques, je peux dire qu’ils sont parmi les hommes les plus honnêtes et respectables du canton. S’il existe un homme honnête, c’est bien Martin McLaughlin. Je n’ai jamais vu Kennedy soûl, ni entendu sacrer, et n’ai jamais entendu parler en mal de lui. Le seul parmi eux qui est considéré comme mauvais est Purtell, et j’ai su que M. McGrath et ses deux fils—les gens les plus respectables et honnêtes qui soient—peuvent prouver qu’il n’est pas sorti de la maison la nuit du meurtre. »
À ce moment, votre journaliste a interrompu l’interlocuteur en lui demandant : « Que pensez-vous qu’il adviendra des prisonniers? »
« Ils s’en sortiront tous, aussi sûr que vous êtes là », répondit-il.
« Comment? »
« Eh bien, d’abord le témoignage du petit Connor n’est pas bon. Il s’est fait bourrer le crâne et il se contredira pendant le contre-interrogatoire. Ensuite, Bill Donnelly va jurer n’importe quoi. Il est habile et rusé et je parie qu’il a toute l’histoire déjà toute préparée dans sa tête. »
« Pourquoi, voulez-vous dire qu’il se parjurera? »
« Oui, répondit le gentleman, il déclarera n’importe quoi sous serment. »
« Essayez-vous de dire qu’il n’a ni principe ni honneur? »
« Si vous m’aviez demandé si un chien a une âme je vous aurais pris pour un fou », fut sa réponse étrange et évocatrice.
Continuant son histoire, l’interlocuteur dit : « Il sera dur d’avoir quelqu’un qui se prononce contre les prisonniers, sauf les Donnelly. Je n’ai jamais rencontré un Irlandais qui agirait comme informateur. Même si un de leurs ennemis les a vus commettre le meurtre il n’en dira rien. Une foule de témoignages de bonne foi peuvent être déposés en leur faveur. » [...]