UN IMMIGRANT IRLANDAIS

Manque de rigueur lors de l’octroi des indemnités de passage du Dominion.

[...] Les promesses faites aux émigrants quant aux lots de terre n’ont pas été tenues – L’argent du Dominion sert à envoyer les émigrants aux États-Unis – Les agents du Dominion magouillent dans l’immobilier, avec les billets de train, etc.

[...] Votre correspondant a rencontré aujourd’hui un jeune immigrant irlandais du nom de James Boyle, 23 ans, de Londonderry, Irlande. Son expérience en tant qu’immigrant pourra servir d’exemple pour que le gouvernement et les citoyens canadiens sachent de quelle façon les fonctionnaires et autres personnes ayant des intérêts dans l’immigration traitent ceux qu’ils invitent à venir s’établir au Canada parmi nous. Il a dit :-

DESTINATION : CANADA.

« Je suis entré dans la billetterie de la compagnie maritime et j’ai dit au commis que je voulais aller au Canada. Je lui ai demandé le tarif et il m’a répondu que c’était 6£ 6s., mais il a ajouté que si je signais en tant que travailleur je pouvais obtenir un “billet subventionné” pour n’importe où au Canada pour 5£. Comme je ne savais pas ce que je venais faire au Canada j’ai signé en tant que travailleur et le premier travail que j’ai fait quand je suis arrivé ici consistait à alimenter le moteur d’une chaudière. Je suis présentement secrétaire juridique, mais j’avais la volonté et la capacité de faire n’importe quoi. On me l’avait promis. »

L’INDEMNITÉ DE PASSAGE DU GOUVERNEMENT

et les affiches apposées tout autour de la billetterie indiquaient que les émigrants vers le Canada recevraient 160 acres de terre du gouvernement fédéral à leur arrivée. » [...]

PROMESSES NON TENUES.

« Qu’en est-il des 160 acres promises à ceux qui arrivent au canada? »

« Oh! je ne les ai jamais vues. Le fait est que les gens en Irlande en sont venus à ne plus croire les voyous qui promettent ces choses-là. »

« Avez-vous essayé d’avoir ces 160 acres? »

« Oh, oui; je suis allé voir M. Ibbottson, l’agent d’émigration, et je les lui ai demandées. Il m’a répondu que ces 160 acres, c’étaient des sottises, et il voulait que je lui achète une ferme. »

« Oh, vraiment! Il est agent immobilier en plus d’être agent d’émigration? »

« Je ne sais pas; mais il avait quelques fermes qu’il voulait vendre à tout prix. Il m’a dit que je devrais aller au Mnitoba pour avoir mes 160 acres et que je devrais dépenser pas mal d’argent avant de pouvoir tirer quoi que ce soit de ces 160 acres. »

« Voilà de quoi réjouir l’émigrant que vous étiez, non? »

« Oui; mais je ne voulais pas aller au Manitoba. Il m’a dit qu’il avait une belle petite ferme qui ferait bien mon affaire près de la ville. »

ÉMIGRANTS TROMPÉS.

« Pensez-vous que votre cas est exceptionnel ou que d’autres immigrants ont été harcelés de la même façon que vous l’avez été? »

« Je crois qu’ils se sont tous fait jouer le même tour, et que des centaines d’entre eux sont expédiés chaque jour vers les États-Unis par ces commis, qui veulent leur vendre des billets pour Chicago et ailleurs. Mais dans quel but, ça bien sûr je ne le sais pas. » [...]

Source: Unknown, "An Irish Immigrant: The Loose Way in Which Dominion Assisted Passages are Granted," The Globe, juin 27, 1881.

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