Pétition pour la libération des prisonniers
À l’honorable O. Mowatt, procureur général,
Province de l’Ontario. –
MONSIEUR LE PROCUREUR, –
NOUS, contribuables soussignés du canton de Biddulph et des cantons adjacents, des villages de Lucan, Ailsa Craig, Claudeboye, Granton, et de la ville de London, demandons respectueusement que vous ordonniez la libération, sous caution substantielle, des prisonniers suivants à présent enfermés dans la prison de London, c.-à-d. James Carroll, Marin McLaughlin, John Kennedy, Thos Ryder, Jas, Ryder, fils et John Purtell, tous accusés de meurtre.
NOUS aimerions respectueusement attirer votre attention sur le fait que le premier de cette liste desdits prisonniers vient de subir un procès juste et équitable par-devant un jury composé de ses compatriotes, qui s’est conclu par un verdict de sept en faveur de l’acquittement, quatre en faveur de la condamnation et un indécis. Ce qui donne pratiquement huit en faveur de l’acquittement et quatre en faveur de la condamnation ou deux contre un en faveur des prisonniers. Dans ces circonstances nous croyons que dans l’attente d’un autre procès cela n’irait aucunement à l’encontre de la justice la plus élémentaire, de permettre à ces hommes de recouvrer la liberté sous caution approuvée. Ils sont maintenant enfermés depuis huit mois et ceux qui ne dépendent que d’eux-mêmes connaissent par conséquent une grande souffrance. Les emprisonner jusqu’aux assises du printemps serait en effet une rude épreuve, particulièrement devant le résultat du procès qui vient de se terminer et selon le grand principe du droit et de la justice qui veut qu’un homme soit innocent jusqu’à preuve du contraire.
NOUS aimerions attirer l’attention de votre honneur sur le fait qu’aucun des accusés n’a tenté d’échapper aux procédures juridiques prévues, nul n’a non plus fait la moindre tentative pour échapper à l’emprisonnement et nous avons la certitude que, nous appuyant sur leur conduite antérieure, le peuple de ce pays se joindra à nous pour dire qu’ils comparaîtront sans délai lorsqu’ils seront convoqués à subir un autre procès.
NOUS espérons que votre honneur passera en revue les circonstances de cette affaire et nous demandons instamment mais respectueusement que vous ordonniez leur libération.
Et ainsi qu’il est de notre devoir, nous ne cesserons de prier.
Fait à Lucan, en date du 11e jour d’octobre 1880.