ÉMIGRER OU NE PAS ÉMIGRER.

AU PEUPLE IRLANDAIS.

MES CHERS COMPATRIOTES – Ne quittez pas votre terre natale. Nulle part vous ne trouverez climat plus doux, sol plus fertile. L’Irlande n’est pas surpeuplée. Si seulement l’Irlande était peuplée comme l’Angleterre l’est aujourd'hui, nous y serions quinze millions d’âmes. Il n’est aucun marécage ni aucun coteau irlandais qui ne soit plus facile à défricher que les forêts américaines. Les oies et les cochons gras ne courent pas les rues là-bas; les rôtis de bœuf et le plum-pudding ne poussent pas dans les arbres, comme on a apparemment tenté de vous le faire croire. L’agent d’émigration n’est pas votre allié ni l’allié de l’Irlande. Il est payé pour mentir comme un arracheur de dents. Et même quand par chance il lui arrive de dire la vérité, il ne dit pas toute la vérité. Il louerait presque autant l’Irlande qu’il loue maintenant l’Amérique si seulement il était payé pour le faire. Quelques-uns prospèrent en Amérique, mais une foule d’autres périssent. Dans tous les cas, quand l’émigrant réussit, c’est parce qu'il a usé d’économie, de tempérance, d’assiduité et de prévoyance – ces mêmes qualités qui garantissent le succès ici. Combien quittent père, mère, sœur, frère, maison, amis, pays, sans l’ombre d’une excuse pour agir de la sorte?

[…] Il n’est pas d’endroit meilleur ou plus sain que l’Irlande pour un homme honnête et une femme bien portante. L’agent payé prétend que si, alors que moi, qui ne suis pas payé, vous dis que non. L’honnêteté et la sobriété récompensent les hommes aussi bien en Irlande que n’importe où sur cette terre. Ceux qui prétendent le contraire, que ce soit au sujet du Canada ou des États, sont vos ennemis et les ennemis de l’Irlande. L’Irlande n’est pas surpeuplée; elle est sous-peuplée. Elle a de la place pour tous ses fils. Le gouvernement de ce pays est désireux, plus que désireux, de vous accorder tout droit et toute chose convenable, désireux de vous offrir la sécurité d’occupation absolue, que seule la loi restreindra; mais vous devez le demander d’un cri puissant, d’un cri prolongé, d’un cri commun. Soyez tous solidaires et vous ne connaîtrez pas l’échec.

[…] Faites fi des ragots. En Irlande, vous pouvez façonner votre succès de vos propres mains vaillantes, succès que ne peuvent vous assurer les plaines tantôt gelées, tantôt desséchées du Canada ou des États.

Henry MacCormack, M.D., Belfast.

Source: National Archives of Canada, John O. Hanley Fonds, MG29, B11, Vol. 30, Newspaper Scrapbook, Henry MacCormack, "Emigration or No Emigration," juillet 31, 1874.

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